Le vallon de l’Hermance, situé à l’est du canton de Genève, est un écrin de nature préservée où se rencontrent forêts, prairies sèches, lisières ensoleillées et cours d’eau sinueux qui représente l’un des couloirs écologiques du canton de Genève. Cet environnement varié constitue un habitat privilégié pour une multitude d’espèces animales et végétales. Parmi elles, les insectes occupent une place centrale : discrets pour certains, spectaculaires pour d’autres, ils assurent des fonctions écologiques essentielles comme la pollinisation, la décomposition de la matière morte et le maintien des équilibres naturels.
La diversité entomologique du vallon est remarquable. Les nombreux insectes qui y vivent témoignent de la richesse des milieux et de la qualité écologique du vallon. Des coléoptères, liés au bois comme la Saperde perforée (Saperda perforata) dont les larves se nourrissent des branches dépérissantes de peupliers, attestent du bon état de conservation des forêts, tandis que les libellules, comme le Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo), indiquent la qualité des eaux. Les prairies fleuries accueillent une multitude d’abeilles sauvages, indispensables à la pollinisation des plantes à fleurs. Ces communautés, bien que souvent discrètes, sont de précieux bioindicateurs. Observer cette mosaïque vivante, c’est mieux comprendre les rouages invisibles qui assurent la santé et la vitalité des écosystèmes locaux.
Parmi les insectes du vallon, les papillons de nuit ou phalènes occupent une place toute particulière. Souvent éclipsés par l’élégance diurne de leurs cousins papillons de jour plus familiers du grand public, ils n’en sont pas moins variés et fascinants. Leur diversité est même bien supérieure. On en dénombre à Genève environ 1’800 espèces, contre à peine 120 espèces diurnes, et le vallon de l’Hermance en héberge plusieurs centaines. Certaines arborent des couleurs vives et des motifs étonnants, utilisés comme signaux de défense comme l’Ecaille chinée (Euplagia quadripunctaria), tandis que d’autres se confondent avec l’écorce des arbres ou les feuilles mortes grâce à leur mimétisme particulier. On y rencontre par exemple la Phalène du sureau (Ourapteryx sambucaria), qui compte parmi les plus grandes espèces de Géometridae, ou encore le Bombyx du chêne (Lasiocampa quercus) et du hêtre (Stauropus fagi) dont les chenilles se nourrissent des feuilles des arbres qui peuplent le vallon et auxquels elles sont étroitement liées.
Ces lépidoptères nocturnes sont de précieux indicateurs de la santé des milieux naturels. Leur présence en abondance témoigne de la richesse floristique du vallon et de la préservation des haies, prairies et lisières forestières dont ils dépendent. En se nourrissant du nectar des fleurs, ils participent eux aussi à la pollinisation, souvent à des heures où les abeilles et les papillons diurnes sont absents, en particulier sur des plantes qui s’ouvrent ou diffusent leur parfum à la tombée de la nuit, telles que le chèvrefeuille ou certaines orchidées. Leur cycle de vie, de la chenille au papillon, illustre la fragilité des équilibres écologiques : la disparition de certaines plantes-hôtes entraînerait immanquablement le déclin de certaines espèces.
La richesse en papillons de nuit du vallon de l’Hermance témoigne donc de l’équilibre subtil entre végétaux et animaux. Préserver la diversité des insectes, et en particulier celle des papillons de nuit, revient donc à protéger bien plus qu’un groupe discret d’animaux. C’est garantir la continuité des interactions qui maintiennent le vallon de l’Hermance vivant et foisonnant. En valorisant ces richesses, la fondation contribue à rappeler que la beauté de la nature ne se révèle pas uniquement sous la lumière du jour, mais aussi dans le bruissement et les ailes délicates qui animent la nuit.
Image 1 : Saperde perforée Saperda perforata (P. Schmitz)
Image 2 : Caloptéryx vierge Calopteryx virgo (P. Schmitz)
Image 3 : Phalène du sureau Ourapteryx sambucaria (P. Schmitz)
Image 4 : Bombyx du chêne Lasiocampa quercus (P. Schmitz)
Image 5 : Bombyx du hêtre Stauropus fagi (P. Schmitz)
liens :
> https://www.faunegeneve.ch/index.php?m_id=20025
> https://pibg.ch/formation-et-sensibilisation/groupes-invertebres/lepidopteres/




