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- Plaidoyer pour des pastilles (parfois) incomprises
Depuis quelques temps, vous aurez sans doute remarqué ces poteaux aux entrées du Vallon de l’Hermance et sur les sentiers qui longent la rivière. Il semblerait que ces consignes ne soient pas toujours bien comprises. À plusieurs reprises ces pastilles ont été vandalisées.Elles méritent donc quelques explications :
En préambule, soulignons la beauté de ce lieu, mais hélas tout autant sa fragilité et son appauvrissement relatif face aux pressions démographiques et aux changements climatiques. Rappelons également que l’objectif de la fondation du Vallon de l’Hermance est de maintenir, autant que faire se peut, ce site dans son état naturel pour le plus grand bénéfice de ses usagers actuels et surtout à venir.
Signification des pastilles
Elle représente une famille en promenade, soulignant ainsi les valeurs ludiques et éducatives de ce site naturel, ainsi que sa mise à disposition du public, autant pour des activités de loisirs et/ou d’observation que comme réservoir de biodiversité.
Une des plus polémique : elle invite les propriétaires de chien à les tenir en laisse du 1 avril au 15 juillet. Pourquoi ?
Les chiens, vous l’aurez remarqué sont de plus en plus nombreux le long de l’Hermance, on y observe régulièrement des promeneurs de chiens professionnels accompagnés parfois d’une dizaine de toutous.
Durant cette période (du 1er avril au 15 juillet), pour beaucoup d’animaux, petits et grands, c’est la période de reproduction. Citons entre autres les chevreuils (Capreolus capreolus), les blaireaux (Meles meles), les renards (Vulpes vulpes), et plusieurs autres petits mammifères. De nombreux oiseaux nichent au sol et sont particulièrement vulnérables comme le troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes), le cingle plongeur (Cinclus cinclus), plus commun : le rouge-gorge (Erithacus rubecula) et bien d’autres encore.
Rappelons que tous les chiens (Canis lupus) descendent du loup et sont donc intrinsèquement des prédateurs. Bien entendu, il n’est pas ici question d’une quelconque méchanceté ou d’un défaut d’éducation, il s’agit simplement d’un instinct sauvage, naturel et inné. Les chiens (et leurs propriétaires) n’y peuvent rien.
Pour eux, un animal immature sans défense est au mieux un jouet, au pire une proie. Seul l’usage d’une laisse offre une protection crédible aux nouvelles générations sauvages durant cette période. Bien entendu certains (vieux) chiens sont inoffensifs, mais comment faire la distinction ?
Remercions en passant les propriétaires qui ramassent les déjections de leurs amis canins (un peu moins ceux qui décorent les sous-bois de leurs sachets colorés et garnis).Cette pastille encourage à une observation attentive des richesses du Vallon. La photo peut y contribuer, le dessin peut-être plus encore. La simple contemplation n’est pas mal non plus. Une meilleure observation (attention) entraine un plus grand respect. C’est du moins ce que nous aimons croire !
Elle devrait se passer de commentaire, mais, bonne nouvelle : l’usager du Vallon est généralement, sur ce plan, fort discipliné. Il y a peu de déchets. Certains vont même jusqu’à ramener les quelques épaves résiduelles dans les poubelles ou containers disposés aux deux entrées du Vallon, qu’ils en soient également remerciés.
L’usage des vélos et plus encore les passages de chevaux, outre qu’ils favorisent la formation de fondrières, provoquent un tassement important du sentier. En privant le sol d’oxygène, ils fragilisent des arbres déjà bien mal en point.
Le piétinement des promeneurs, le réchauffement climatique, l’alternance de périodes de sécheresse de plus en plus longues et d’épisodes pluvieux importants, des tempêtes d’automne et d’hiver accompagnées de forts vents, ainsi que la recrudescence de maladies et de parasites indigènes ou exotiques chalarose des frênes (Hymenoscyphus fraxineus), pyrale (Cydalima perspectalis) et cylindrocladium du buis, processionnaires du pin (Thaumetopoea pityocampa) et bien d’autre encore sapent déjà l’équilibre et la santé de ces bois, il est donc inutile d’en rajouter.
Le triste mikado des troncs couchés tout au long de la rivière en témoigne.Les emplacements de tentes et plus encore les foyers qui se multiplient en été, outre qu’ils stérilisent le sol sur des surfaces parfois importantes, représentent un danger d’incendie de plus en plus réel en période de sécheresse.
Souvent (et logiquement hélas), ce sont les plus beaux et les plus riches endroits qui sont choisis pour ces campements.Là encore, la cueillette des fleurs, activité bucolique et innocente s’il en est, n’est pas sans conséquence sur la pérennité de la flore. Par exemple, deux espèces d’orchidées, Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra) et Orchis brulé (Orchis ustulata) ont semble-t-il disparu du vallon ces dernières années, d’autres se font rares.
Certaines espèces, encore relativement abondantes, sont menacées à terme par des cueillettes traditionnelles devenues trop importantes p. ex. l’ail des ours (Allium ursinum) et l’aspergette (Ornithogalum pyrenaicum).
Il est à noter que la flore n’est pas uniquement menacée par la cueillette, le dérèglement climatique et l’offensive parfois massive de plantes invasives : Laurelles (Prunus laurecerasus), Bambou divers, Solidage (Solidago canadiensis), Robinier (Robinia pseudoacacia), etc. contribuent également à son dépérissement.Voilà en quelques lignes les raisons qui nous ont décidés à afficher ces pastilles aux entrées du Vallon de l’Hermance. Les pressions démographiques et climatiques vont encore augmenter ces prochaines années. La capacité de résilience du Vallon est mise toujours plus à l’épreuve. Il faudra donc que nous soyons encore plus prévenants avec ce précieux héritage. Malgré les désagréments et/ou les changements que cela représente, nous sommes persuadés que les promeneurs de ce bout de nature auront à cœur de participer à sa préservation en suivant, malgré les relatives contraintes, ces quelques consignes.
Merci d’avance !!!
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